Modification du système de ressources du professeur

L'analyse de la deuxième heure de TP met bien en évidence les modifications locales du système de ressources, sensibles dans la posture P0 du professeur dans la situation didactique. Dans cette deuxième séance, dernière heure de la matinée, les élèves ont pris du retard pour se déplacer vers la salle informatique, ce qui explique le temps plus court de la séance^4.10 et le souci permanent du professeur de maintenir la progression identique à celle de la première séance ; la position noosphérienne du professeur souhaitant faire avancer conjointement tous les élèves de la classe ressort ici. Dans ce paragraphe, les éléments permettant de mettre en évidence les effets des incidents sur la genèse documentaire du professeur sont relevés ainsi que les indices tendant à montrer l'absence de prise en compte de certains incidents.

Dans la première séance, un très long épisode (lignes 131-192) émaillé d'incidents didactiques (IM3, IM3-bis, IM4 et IE4), a concerné le traitement des échelles pour la représentation graphique des fréquences d'apparition des résultats de l'expérience dans la simulation sur ordinateur. Dans la deuxième séance le professeur anticipe les questions et d'éventuelles difficultés des élèves en précisant la possibilité de choisir l'échelle à utiliser :

114 P : Bon, d'ailleurs, on vous demande, enfin vous verrez, on vous demande le graphique, on peut mettre en décimal, ou en vingtième, de toutes façons, vous verrez, c'est à vous de gérer au mieux, enfin vous verrez.

Les incidents et la perturbation ont modifié la ressource et le professeur place dans le milieu matériel des élèves cet élément supplémentaire absent dans la première séance. De la même façon, le terme  frequency  utilisée dans la version anglaise du logiciel avait été l'occasion d'un incident mathématique dans la première séance et est son usage est anticipé dans la seconde : dans cette séance, le professeur note de façon anecdotique cette présence du faux ami  frequency .

Enfin, l'incident IM6, réglé collectivement ligne 251 et suivantes est réinvesti dans la séance suivante lorsque le professeur contrôle l'évolution de la situation :

206 P : Voilà  Scatterplot . Est-ce que tu as pensé à nommer les colonnes ? Oui, tu as pensé, OK !

Ces exemples montrent comment les incidents repérés (visibles pour les acteurs) peuvent modifier les ressources du professeur ou des élèves et en ricochet modifier la situation en rajoutant dans le milieu matériel des éléments permettant de balayer des difficultés que le professeur juge inopportunes, marginales ou gênantes.

Dans la conclusion de la première observation, les difficultés liées la conversion vers le registre de représentation du logiciel avaient été notées ; cette situation perdure et provoque un incident mathématique dans la première séance (IM4). Le professeur, cependant, prend en compte cette difficulté ce qui n'avait pas été le cas dans la première observation ; l'incident IS3, ligne 92 de la première séance observée (15 janvier, page ) montre bien que le registre de représentation du logiciel n'était pas pris en compte alors qu'il l'est dans cette observation, comme l'atteste le souci du professeur de contrôler la représentation graphique :

P : Non, elle est déjà bien visible, mais, dilate un peu l'ordonnée, quoi ! Non, zoom, alors, attend. Ah oui, c'est vrai que ça a changé, ça ! Ah oui, comme ça, si tu veux. Voilà. Voilà c'est bon...  C'est pas centré, est-ce que tu peux déplacé à la main ? Déplace sur la gauche, c'est possible ?

Il s'agit d'un indice permettant de penser que dans une période de temps longue, les incidents repérés modifient sensiblement le système documentaire du professeur.

Il avait été également pointé le rôle des incidents de frottement dans le déclenchement de situations nildidactiques ; ces deux observations complètent cette remarque en mettant en évidence les décalages entre les positions du professeur et des élèves à la suite d'une perturbation ou à l'origine du déclenchement d'un incident.

La perte de confiance dans l'artefact, conséquence d'incidents didactiques non réglés, renforce la position noosphérienne du professeur, et tend à séparer radicalement l'expérience sur les objets mathématiques et le raisonnement déductif, en opposition avec la volonté affichée de l'expérimentation dans le lycée.