Action conjointe

La description linéaire des différents niveaux de la structuration des milieux cache cependant les interactions et les dynamiques entre les différents niveaux qui évoluent dans le temps. Dans la préparation d'une leçon, le professeur compose avec les différents niveaux sur-didactique mais aussi interagit avec les niveaux didactiques et sous didactiques. En particulier, la mémoire didactique [page 170]Margolinas2004 du professeur prend en compte l'ensemble des situations didactiques vécues et les interactions avec les élèves dans les différents niveaux de la structure des milieux. Ces rétroactions modifient les milieux de construction et de projet d'une part et la position d'observateur dans une situation d'apprentissage. En ce sens, cette mémoire didactique participe à l'élaboration du système de ressources du professeur (cf. paragraphe document). C'est notamment en se fondant sur ces hypothèses qu'ont été construites des ressources pour les professeurs, proposant des analyses au niveau mathématiques, didactique et des analyses portant sur des observations en classe avec l'ambition de modifier le regard du professeur observateur : c'est le cas du projet Exprime (cf. page [*]), ou du projet Démathé2.17.

Cette dynamique peut être décrite en utilisant le cadre proposé par Chevallard1992 puis développé et augmenté par Sensevy2007 pour une construction conjointe du jeu didactique. La compréhension de ce jeu repose sur trois niveaux de description :

La détermination de l'action réfère d'une part à l'activité adressée prenant en compte les contraintes institutionnelles (au sens de la théorie anthropologique) et l'épistémologie personnelle, épistémologie pratique[page 37]Sensevy2007b en ce sens qu'elle influence pratiquement le fonctionnement de la classe et se construit en pratique comme une réponse aux problèmes rencontrés. Cette détermination de l'action se place dans la situation noosphérienne et s'appuie sur le milieu de projet.

La construction du jeu se place dans les situations S+1 et S+2 et réfère à l'élaboration des situations qui seront effectivement mises en place dans la classe. Cette construction s'appuie sur des ressources diverses permettant de penser l'activité future.

Le jeu ainsi construit est mis en place et joué dans le système didactique conjointement par le professeur et les élèves, les actions du professeur influençant les comportements des élèves dans la réalisation de la tâche et, en retour, les comportements des élèves modifient l'activité du professeur. Les trois dimensions de cette activité, mésogénèse, topogénèse et chronogénèse prennent en compte les éléments fondamentaux de description et d'évolution des milieux (mésogénèse), dans le temps (chronogénèse) dans une organisation et un partage des responsabilités dans le jeu (topogénèse).

La mésogénèse pose la question quoi ? ou plutôt comment quoi ? Elle incite à identifier le contenu épistémique des transactions didactiques. La chronogénèse pose la question quand ? ou plutôt comment quand? Elle incite à à identifier la nature et les raisons du passage, à un moment, d'un contenu épistémique à un autre. La topogénèse pose la question qui ? ou plutôt comment qui ? Elle incite à identifier comment le contenu épistémique de la transaction est effectivement réparti entre les transactants. [page 32]Sensevy2007b

Ces trois éléments sont en étroite relation, puisque les modifications du milieu, les positions dans les niveaux de situations des acteurs les uns par rapport aux autres et le déroulement du temps à tous les niveaux ne peuvent s'entendre indépendamment les uns des autres.

L'action conjointe permet de rendre intelligible l'activité du professeur en lien avec l'activité des élèves, chacune ne trouvant du sens que dans le projet commun porté dans la situation didactique pensée dans une intention didactique.

Gilles 2012-03-05