Incident extérieur

Des incidents répertoriés, certainement celui qui crée le moins de perturbations dans la dynamique de la classe pour peu que la dévolution d'une situation soit effective ; cette dévolution a été effective dans les observations de classes, le choix initial d'observations de classes de professeurs expérimentés en est très certainement la cause. Il demeure quand même le problème de la position de l'observateur dans la situation ; il est tout à fait remarquable que dans toutes les observations faites, des références à la présence de l'observateur apparaissent à un moment. Ces incidents extérieurs peuvent arriver en tout début de la séquence, et n'ont dans ce cas que de faibles conséquences ; ils se déroulent en même temps que la négociation de la situation, le moment où le jeu se met en place. Cependant, et quelque soit le mode de recueil des données, au moins un incident extérieur dû à la présence de l'observateur peut être relevé dans les observations. Il se produit principalement à la suite d'une perte de dévolution, conséquence d'un autre incident didactique, comme par exemple dans cet extrait :

E1 : Ah oui mais j'ai pas mis la parenthèse.

E2 : Je préfère acheter deux dés et je les lance !

E1 : Y'a le numéro derrière, non ? il retourne sa calculatrice... lui bousille pas son truc !

E2 : s'amuse avec le micro

Un incident de syntaxe (un message d'erreur apparaît après l'oubli d'une parenthèse) provoque une perte de dévolution et l'incident extérieur (E2 joue avec le micro) renforce cette perturbation.

Dans d'autres circonstances, l'incident extérieur provoqué par la présence de l'observateur peut déboucher sur des perturbations plus graves comme dans l'observation d'un groupe dans la deuxième séance  Réaction . Ce dialogue se situe au début de l'enregistrement :

6 E2
J'aime pas être filmé.
7 E1
Dis bonjour à la caméra.
8 E3
Monsieur j'ai les mêmes valeurs dans les deux séries.
9 P
Bon, alors ça veut dire que la deuxième série n'a pas été sauvegardée comme il faut.
10 E1
Bon, alors qu'est-ce qu'il y a d'intéressant ? Sur celle là, c'est très étendu, là.

On peut penser à la lecture de cet extrait que la perturbation n'est que très locale et limitée puisque les élèves semblent rentrer tout de suite dans la situation ; cependant, dans la suite, ce groupe de deux élèves se disperse et ne rentre pas du tout dans le problème. Même si l'incident extérieur ne peut être considéré comme le seul élément de perturbation, il joue sans aucun doute un rôle important ; dans ce cas la confiance dans la circonstance de l'engagement n'est pas acquise et on peut faire l'hypothèse que le caractère privé de l'étude sur son propre temps de réaction est un obstacle à cet engagement.

Les entretiens semblent par ailleurs montrer que, même si les élèves se rappellent de la présence de l'observateur, c'est plutôt le contenu des séances qui restent présents à l'esprit :

I : Et sur les statistiques, j'étais venu voir une séance de statistique, est-ce que en statistique c'est une calculatrice qui peut apporter une aide ?

E3 : C'est vrai, ça avait aidé, mais en fait sur les quartiles, comme il calcule différemment moi ça m'avait embrouillé, comme il les calculait différemment de ce que moi je calculais, je me rappelle plus ce qu'il faisait, il faisait un calcul plus simple ou plus compliqué, et ça fait, en fait, on avait l'impression qu'on avait fait faux, et qu'au final en fait j'avais fait juste mon calcul, et la calculatrice m'avait pas forcément aidé sur ça en fait. Elle m'avait pas donné le bon résultat. Pour elle c'était bon, mais pour moi, non.
(entretien avec Teddy et Jeremy)

L'évocation de la séance observée ravive un incident mathématique relatif au calcul des quartiles et l'observation n'est plus évoquée. De la même façon pour Ambre et Julien :

I J'étais venu quand vous aviez fait des statistiques, vous vous en souvenez ?

Es Oui

I Et alors ?

E2 La calculatrice, ça peut être pratique, parce que grâce à ça on peut avoir des nombres vraiment au hasard, parce que si c'est nous qui le faisons, on prend pas forcément des nombres au hasard. Enfin, je pense...
(entretien avec Ambre et Julien)

Là encore, l'observation même si elle est présente à l'esprit n'est pas le point essentiel, mais la simulation du hasard reste le souvenir marquant.

Gilles 2012-03-05