Incidents syntaxiques

Un certain nombre d'incidents syntaxiques apparaissent dans la première partie, lorsque les élèves souhaitent transférer les données obtenues avec le logiciel, comme par exemple dans le groupe FFGG l'incident des minutes 19 à 23 : F1 et F2 n'arrivent pas à activer le transfert des données sur la calculatrice parce qu'elles n'utilisent pas le bon logiciel. P parcourt la classe et débloque la situation dès son passage (minute 23). Il utilise cet incident pour redonner les consignes à tous les groupes. Dans la classification des répertoires de réponses proposée par Alison2010, et dans ces épisodes, P possède un répertoire de réponses bien rodé.

P-1 se sert des incidents syntaxiques pour proposer à la classe des solutions aux problèmes qui sont anticipés. L'effet de cette gestion renforce la dévolution du problème et le jeu prend de l'importance auprès des élèves :

19 G2
Trop nul... euh, zéro quarante neuf

20 G3
Ah non, en fait ça va. Ah non, moi ch'uis zéro trente neuf

21 G2
Le deuxième, moi il est mieux. Non, même pas. . .

22 G3
Si, moi il, ah non, le premier il est mieux

23 G2
Il est où ton temps ?
Groupe 4G

Dans un second temps, les élèves travaillent en groupe partageant leurs postures entre E-agissant et E-apprenant dans une situation de référence ou une situation d'apprentissage. Les expériences sont faites sur les séries de temps de réaction qui sont traitées comme des séries de nombres mais avec un regard vers la réalité  :

57 G2
Toi, c'est la première pour toi
58 G3
Ouais, c'est mieux.
59 G2
Ah non, toi, c'est la... ? Première, ouais !
60 G3
On prend la tienne, là, toi elle est super géniale, t'es un super héros !
Groupe 4G

En revanche, dans le groupe FFGG, les incidents syntaxiques, déclenchés par des conversions de registres de représentation, retardent la dévolution du problème et les liens entre les calculs et leur réalité empirique :

F1 : Monsieur, comment on fait pour, ici, là, pour

P : Qu'est ce que tu veux faire ?

F1 : Ben faire un graphique pour voir à peu près laquelle est la plus...

P : Oui, ben tu cliques là avec le bouton droit (il montre la demie fenêtre du bas) et tu demandes ajouter. Tu cliques (F1 s'exécute) Voilà, hein, Ah mais oui, ça y est t'as déjà ajouté, alors voilà, tu peux pas, parce que tu n'as pas nommé tes colonnes.

F1 : Ici, là ? (elle montre le Tableur)

P : Oui (F1 clique dans la cellule, prend le clavier) Hein ? On les avait nommé na et nb, donc là, je ne sais pas, tu les appelles comme tu veux, mais...(P s'éloigne)

F2 : Et bien après...

F1 : Je comprends pas trop à quoi ça sert. Tiens là je vais essayer de faire ça (elle pointe sur la feuille) C'est laquelle la tienne ? Ben ouais faudrait faire menu

F2 : Ben ouais.

F1 Elle ouvre le menu parcourt les possibilités, le ferme : Ah mais c'est pas ça Elle ouvre le clavier de la calculatrice

F2 : Et si tu mettais dans une grande fenêtre ?

F1 : Où ça ?

F2 : Non, non, j'ai rien dit....Elles se replongent dans la lecture de la fiche

Dans cet épisode, les incidents de syntaxe bloquent l'interprétation des expériences et F1 et F2 dans une posture d'E-objectif sont confrontées au milieu matériel dont les rétroactions ne sont pas compréhensibles. L'intervention de P-observateur est d'une certaine façon décalée puisque le milieu des élèves (E-objectifs à cet instant) n'est pas le même que celui du professeur (P-observateur confronté au milieu objectif). Ce décalage ne peut pas être perçu par P ni par E, qui d'une certaine manière, ne se rencontrent  pas. Dans ces conditions, une fois le professeur parti, F1 ne comprend pas ; P-observateur a interprété et répondu à la question sans voir qu'il y avait deux incidents syntaxiques superposés. La perturbation perdure jusqu'à la nouvel intervention du professeur qui montre la manipulation complète. Pendant cet épisode, F1 et F2 sont confrontées au milieu matériel et ne s'engagent pas dans la réflexion du problème mathématique.

On retrouve cet effet des incidents syntaxiques dans l'enregistrement de l'écran de G1 et G2 ; après avoir vainement cherché à construire des représentations des données, G1 et G2 calculent la moyenne des séries ce qui provoque l'entrée dans une situation nildidactique autour de l'objet naturalisé  moyenne , que l'on retrouvera plus tard.

Ce même phénomène qui freine le développement d'expériences dans la situation de référence en maintenant les élèves dans une posture de E-objectif se retrouve dans le groupe 4G :

[ 160 G3] C'est la deuxième qu'on prend ?

[ 161 G2] Ch'ais pas comment... Comment on calcule la moyenne ?

[ 162 G3] Ben, la moyenne normale

[ 163 G2] Ah mais j'crois qu'on mette des boîtes à moustache

[ 164 G3] Non, calcule la moyenne !

Cet incident de syntaxe (syntaxe du logiciel permettant de calculer la moyenne) crée une perturbation longue pendant laquelle les élèves ne décrochent pas de la situation objective et tentent de résoudre des problèmes de syntaxe du milieu matériel (ligne 176, 179, 182) ; la rétroaction de la machine et les connaissances des élèves ne coïncident pas ce qui empêchent l'interprétation, jusqu'à l'intervention du professeur qui les ramène dans la situation de référence (ligne 187-188) ; il y a alors réinvestissement de la situation de référence et un début de réflexion sur les moyennes (lignes 189, 193) :

[ 176 G3] C'est quoi, statistique une variable ?

[ 177 G2] Ouais.

[ 178 G4] Bon, t'as la moyenne ou pas ?

[ 179 G2] Non, non, non, ouais, OK, et après tu mets la b, non, la b, nb mets nb.

[ 180 G3] Pourquoi nb ?

[ 181 G2] Vas-y ! oui ! et là, en bas tu mets.

[ 182 G4] Mais, est-ce que tu as la moyenne ? Où tu vois la moyenne.

[ 183 G2] Ben, ch'ais pas, je comprends rien, somme x, x carré.

[ 184 G4] Monsieur ! Monsieur !

[ 185 G2] Y'a la médiane, mais y'a pas la moyenne.

[ 186 G4] Euh ! On comprend pas ! la moyenne, on sait pas c'est laquelle !

[ 187 Prof] Ah ! c'est $\overline{x}$.

[ 188 G4] $\overline{x}$.

[ 189 G2] zéro vingt huit !

[ 190 G3] Combien ?

[ 191 G4] Mais c'est pas la tienne ?

[ 192 G2] Ben oui, c'est Mooglie !

[ 193 G4] C'est zéro trente et un.

[ 194 G2] Mais, non, la moyenne c'est la...

[ 195 G3] La moyenne c'est barre.

[ 196 G2] Là, c'est la moyenne, c'est pas la...

[ 197 G3] Y'en a deux !

[ 198 G2] Ouais !

[ 199 G3] On en a fait deux, toi t'as la première et moi j'ai la deuxième.

[ 200 G2] Ouais.

[ 201 G3] La première c'est zéro trente et un.

Gilles 2012-03-05